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Vivre dans sa famille et sa communauté constitue l’un des droits les plus fondamentaux d’un enfant. La famille étant l’unité de base de la société doit être le milieu le plus protecteur pour un enfant, c’est-à-dire le milieu le mieux propice pour son plein développement (physique, intellectuel et mental) et son plein épanouissement social. Dans cette perspective, le maintien des enfants dans leurs familles doit être un élément clef dans les politiques publiques de toute société. André (2019) va dans le même sens en avançant que « maintenir les enfants dans leurs familles et leurs communautés doit être la première étape vers l’équilibre social en Haïti ».
Le gouvernement haïtien a pris l’engagement de promouvoir la préservation familiale en signant et en ratifiant le 23 Décembre 1994 la Convention relative aux Droits des Enfants de l’ONU adoptée le 20 Novembre 1989 qui fait la promotion pour le maintien des enfants dans leur famille. Selon cette convention, le retrait d’un enfant dans sa famille doit être une mesure de dernier recours et doit se faire dans et pour son intérêt supérieur. André (Op. Cit.) va plus loin en avançant « qu’un enfant séparé de sa famille est comme un corps dont le souffle de vie a été enlevé ».
Malheureusement, depuis les trois dernières décennies Haïti est le pays du continent américain le plus affecté par la problématique de séparation familiale, notamment les enfants en institution (orphelinat) et en domesticité. En effet, la pauvreté chronique et aigüe et les troubles socio-politiques que connaissent le pays depuis les années 80 ont rendu plus précaires les conditions de vie des couches les plus vulnérables de la population haïtienne. Les catastrophes naturelles, en particulier le séisme du 12 Janvier 2010 qui a causé plus de 300,000 morts dans le Département de l’Ouest et l’ouragan Mathew d’Octobre 2016 qui a ravagé le grand Sud du pays, ont rendu plus difficile l’accès aux services sociaux de base, notamment dans les zones rurales. Selon la Banque mondiale, 45%, près de 5 millions de personnes de la population haïtienne vivent en milieu rural et 75% de la population globale vivent dans l’extrême pauvreté. La faible capacité des familles haïtiennes à répondre aux besoins élémentaires et fondamentaux (éducation, nourriture, soins de santé, logement décent, etc…) de leurs enfants crée le désespoir chez les parents qui de plus en plus ont tendance à se déresponsabiliser de leur devoir parental en plaçant leurs enfants en institution (orphelinat) ou en domesticité. La séparation des enfants avec leurs parents est aussi provoquée par le manque d’éducation de ces parents, qui très souvent se laissent influencer par de fausses promesses (de directeurs d’orphelinats ou d’amis) d’amélioration des conditions de vie de leurs enfants. Lesquels parents qui ne sont pas conscients des conséquences multidimensionnelles de la séparation sur le développement intégral des enfants. En effet, plusieurs études ont démontré que les enfants pris en charge par les maisons d’enfants quand ils deviennent adultes ont du mal à être autonome et à réintégrer la société. D’autres études ont également révélé que très peu de maisons d’enfants en Haïti répondent aux standards minima de prise en charge des enfants en difficultés. La plus récente évaluation nationale des maisons d’enfants (2017-2018) réalisé par l’IBESR, l’organe étatique régulateur de la protection des enfants, a révélé que sur 754 orphelinats en Haïti, pour environ 30.000 enfants, seulement 35 répondent aux standards minima de prise en charge d’enfants. Le pire est que plus 85 % de ces enfants ont leurs parents en vie selon les résultats de cette étude.
Ainsi, un nombre important d’enfants en Haïti, plus de 2 000 dans le département du Sud, en plus d’être privés de la chaleur de leur famille et de leur communauté d’origine, sont très souvent victimes d’exploitation, d’abus ou de négligence dans les maisons d’enfants. Concernant les enfants en domesticité, selon Fafo (2014), une étude réalisée par l’UNICEF, l’OIT, l’OIM et l’IRC, environ 407,000 en 2014 contre 173,000 en 2001 sont en situation de domesticité. Selon cette étude, un enfant sur quatre (entre 5 et 17 ans) ne vit pas avec leurs parents biologiques.
En réponse à la dimension de ce phénomène en Haïti, depuis plusieurs années, l’IBESR et les partenaires de la protection de l’enfant prônent des interventions visant la réunification familiale et la préservation de la famille. Ainsi, le CFRAPS et son staff pluridisciplinaire supporte les plans du gouvernement haïtien à travers l’IBESR favorisant la préservation familiale, la réunification familiale et la réintégration sociale des enfants et jeunes séparés avec leurs parents. Le CFRAPS dont le siège social se trouve dans le département du Sud d’Haïti conduit et supporte des projets qui font la promotion pour le renforcement et l’émergence des familles et communautés protectrices pour les enfants et les jeunes ».